samedi 23 mai 2009

Un biographe

J'étais quelque peu inquiet de la manière dont j'allais m'y prendre pour assembler tant de matière et rédiger (enfin !) cette biographie, après tant d'années d'accumulation de notes, de textes, de lectures et de rencontres, de correspondances et de photographies. Ecrire, un travail final que repousse souvent le biographe au prétexte de nouvelles sources - toujours possibles, car passer à l'acte c'est se préparer à quitter son sujet.
Mais voilà que, très étonnamment, l'écriture coule, comme si tout était déjà écrit quelque part, loin du désordre des piles de matériaux accumulés sur des tables branlantes ou dans mon pauvre disque dur.
Mais je sais que cette "facilité" appelle la meilleure vigilance ! Que (bien) raconter est une chose - certes difficile - mais que là n'est pas l'essentiel.
Il me semble difficile de passer sous silence certaines émotions, certaines correspondances émouvantes, qui font à mon sens, aussi, toute la contemporanéité de mon attachement à Marc Bernard. Sa présence. Une chose bête à écrire, mais si belle à vivre.
On n'écrit pas une biographie de Marc Bernard comme on s'attaquerait à un nouvel écrit sur Mauriac ou Sartre. Je crois que si ma nature me porte à parler à la première personne, le personnage l'exige aussi. Et puis, nous ne serons pas trop de deux pour passionner le lecteur...
Pour ceux que ce penchant biographique intéresse, je conseille la lecture de la bio que Jean-Paul Kauffmann a consacré à Raymond Guérin ("31, allées Damour" - c'était l'adresse de Guérin à Bordeaux... éd. de La table ronde). C'est beau, "engagé" comme je l'aime (avec finesse et sans narcissisme), et fort intéressant pour les amateurs d'écrivains oubliés. Et les autres aussi.